La nouvelle structure tarifaire (2026-2029) repose sur une base légale définie dans le décret du 19 janvier 2017 relatif à la méthodologie tarifaire applicable aux gestionnaires de réseaux de distribution de gaz et d’électricité. Elle précise que la structure tarifaire doit « inciter les utilisateurs du réseau qui le souhaitent à consommer au moment où l'électricité est abondante sur le réseau ». Elle ajoute que les consommateurs qui ne souhaitent pas apporter de la flexibilité au système énergétique ne doivent pas être pénalisés financièrement par la nouvelle structure.
Les changements prévoient que dès 2026, l’ensemble des tarifs seront définis par rapport au tarif heure verte du tarif incitatif. Qui deviendra la référence.
Aspects techniques :
Cinq plages horaires
seront réparties en trois tarifs applicables du lundi au dimanche. Le tarif des
heures rouges sera 5 fois plus élevé que le tarif des heures vertes et le tarif
des heures oranges lui sera 3 fois plus élevé que le tarif des heures vertes1
- Le tarif de distribution pour le mono horaire sera 3,4 plus cher que le tarif vert.
- Le tarif de distribution pour le bi horaire sera 3,85 plus cher que le tarif vert pour les heures pleines, et 1,80 fois cher pour les heures creuses.
- Le tarif de distribution pour l’exclusif nuit sera 1,80
fois plus cher que le tarif vert.
Les tarifs de frais de distribution des gestionnaires de distribution (GRD) comme RESA, ORES, … pour 2026-2029 ne sont pas encore connus. Les GRD devront proposer sur base de ces nouvelles structures tarifaires, leurs tarifs pour les frais de distribution (qui représente 17% de la facture annuelle d’un ménage). Ils devront soumettre leurs propositions à la CWaPE le 25 juin 2025 pour obtenir une approbation. Les seuls éléments connus actuellement sont les rapports de tarifs entre les plages horaires (appelé tension tarifaire). L’impact réel sur la facture du consommateur ne sera connu que lorsque les fournisseurs d’électricité (Engie, Luminus, Total énergie, Cociter, Eneco,…) auront déposé leurs offres commerciales. En effet, ces derniers doivent proposer également des tarifs mais eux pour l’électron (appelé « Commodité », qui représente en moyenne 44% de la facture globale) et dès lors amplifier ou non les effets incitatifs sur la facture globale en tenant compte ou non de la tarification incitative.
Selon les études menées par la CWAPE, les ménages disposant de voitures électriques et de pompe à chaleur[1] seront ceux qui bénéficieront le plus de la réduction conséquente par le passage au tarif incitatif (soit une réduction de 14%[2] de leur facture annuelle s’ils adaptent leur consommation).
Les gains restant sont cependant peu significatifs au regard des coût d’investissements pour de telle système. Pour un ménage classique (3500kWh/an), le gain annuel est estimé à 6% en modifiant son comportement avec le tarif incitatif et 2 % sans modification de comportement. Toujours selon la CWAPE, seuls les profils avec une forte consommation en soirée ou le week-end, ou ceux qui utilisent un chauffage électrique traditionnel serraient pénaliser par la tarification incitative.
Une chose est certaine, sans rendre obligatoire une tarification plutôt qu’une autre, cette réforme montre la direction encouragée à savoir le développement de solutions individuelles aux problèmes énergétiques de demain. La CWAPE reconnait que pour les installations photovoltaïques la nouvelle tarification incitative et bi-horaire va réduire la rentabilité de ces investissements poussant indirectement ainsi au passage vers des batteries individuelles (nécessitant généralement le remplacement des onduleurs).
La tarification
incitative dès 2026
Le but de cette nouvelle tarification incitative, comme son nom l’indique, est d’encourager les Wallons à prendre conscience de leur manière de consommer l’électricité. La CWaPE a précisé : « L’objectif est que le plus grand nombre possible d’utilisateurs déplacent leurs consommations aux moments les plus opportuns, c’est-à-dire lorsque l’électricité est abondante dans les réseaux. (…) À l’inverse, il est important d’éviter de surcharger davantage le réseau aux moments où la demande est déjà très importante », relève la CWaPE. La justification de l’horaire 11h – 17h comme étant une période de surproduction photovoltaïque n’est-elle pas quelque peu exagérée. Eolien est une source d’énergie renouvelable plus importante que le photovoltaïque. ET en hiver, la surproduction n’est certainement pas de 11h à 17h. Le tarif vert ne devrait-il pas être prévu de manière différente en hiver et en été ? N’est-ce pas d’avantage un problème lié à la demande en énergie vu la multiplication des voitures électrique, des Pompes à chaleur, … ? Il est clair que cela entraîne un pic de consommation qu’il est compréhensible de vouloir lisser pour éviter la relance de centrales charbon/gaz.
Là où l’ancienne tarification était avantageux pour les ménages avec une réduction des tarifs le week-ends, le tarif de 11h à 17h est sans doute une bonne chose pour les entreprises mais oublie les ménages qui n’ont pas les moyens d’investir massivement dans la domotique. Sans parler des locataires, qui ne peuvent réaliser ce type d’investissements. Ils sont donc de nouveau laissés hors des dynamiques de transition énergétique.
Beaucoup de citoyens rentrent chez eux entre 18 et 20h et c’est à ce moment-là qu’ils commencent les activités domestiques (préparation du repas, l’entretien de l’habitation, se divertir…)
Ces citoyens n’ont généralement pas d’autres moments disponibles pour faire ces activités et s’il est exact que 1 ménage sur 3 rencontre des difficultés pour boucler les fins de mois, cette nouvelle structure financière des tarifs ne risque-t-elle pas à terme de renfoncer les écarts entre les citoyens acteurs de la transition et les autres ?
Les GRD ont bien évidemment intérêt à soutenir l’installation de PV et de batteries domestiques, car ces unités leur permettent de réduire les investissements nécessaires sur le réseau pour assurer leur mission de services publics. Pour les fournisseurs d’énergie, les intérêts sont différents. Quels intérêts auraient-ils à encourager le développement des batteries individuelles et les installations solaires ? Dès lors il semble peu probable que ces derniers décident de suivre également cette logique tarifaire.
Deux conditions indispensables pour rejoindre cette grille tarifaire :
- 1. Le consommateur doit avoir clairement formulé sa volonté de rejoindre la tarification incitative
- 2. Être équipé d’un compteur communicant
- 3. Avoir une puissance de raccordement inférieur à 56kVA
Pour les Prosumers sous le régime de la compensation en tarification incitative, le principe de compensation est maintenu. La compensation se fera en considérant les différentes plages horaires tarifaires.
La révision du
bi-horaire dès 2026
Le législateur a voulu maintenir les anciennes catégories « pour ne pas trop impacter les plus précarisés ». Elle décide cependant de supprimer le tarif week-end : « plus aucune distinction ne sera faite entre les jours de semaine et le week-end, et la plage horaire des heures creuses qui couvrait tout le week-end disparaît ». Cependant, les heures creuses seront étendues avec l’ajout des « heures solaires ». Ainsi, le tarif heures creuses s’appliquera de 11h00 à 17h00 et de 22h00 à 07h00, tant en semaine que le week-end.
[1] Consommation annuel estimée de 11 000kWh.
[2] Ce
calcul suppose que la consommation se fait intégralement au tarif vert (17%/5=
3,4% de frais de distribution à payer soit une réduction des frais de
distribution de 17%-3,4%= 13,6%)
La révision du mono-horaire dès 2026
Le tarif de distribution pour le mono horaire sera 3,4 plus cher que le tarif vert (la nouvelle référence).
La CWAPE ne voulant pas pénaliser ceux qui n’adopteront pas la tarification incitative, on en déduit que c’est le nouveau tarif de référence qui diminuera afin d’apporter un avantage financier à ceux qui souhaitent déplacer leur consommation.
La tarification dynamique variable heure par heure en Wallonie
Les contrats à prix dynamique sont des nouvelles formules tarifaires où le prix de l’énergie (donc la Commodité) varie chaque heure en fonction de l’offre et de la demande sur les marchés. Le prix payé par le consommateur varie à la hausse ou à la baisse dans le courant de la journée/nuit et de l’heure de prélèvement. Ces contrats ne seront accessibles qu’aux ménages/PME qui disposent d’un compteur communiquant.
Si la presse annonce déjà les tarifs dynamiques pour avril 2025 chez Engie et Luminus. Après vérification, ces derniers nous indiquent qu’aucune date officielle n’est encore connue pour la Wallonie.
La CREG alerte cependant déjà les consommateurs, ces tarifs nécessitent une adaptation du comportement de consommation, auquel il convient d’être très attentif, au risque de faire face à une hausse non négligeable de sa facture d’électricité. Pour les ménages qui ne disposent pas d’équipement de flexibilité, il ne sera, la plupart du temps, pas financièrement intéressant d’opter pour un contrat à prix dynamique. Les consommations d’électricité des activités courantes (cuisine, éclairage, …) ne peuvent pas aisément être différée dans le temps. Il faut également savoir qu’avec le tarif dynamique, le prix de l’électricité tombe parfois en dessous de zéro, c’est une bonne chose pour celui qui achète, moins pour celui qui injecte avec des panneaux solaires par exemple.
Une chose est certaine avoir une vue claire des tarifications disponibles et leurs effets sur une facture deviendra un véritable défi.
https://www.cwape.be/publications/document/5952
https://www.creg.be/fr/actualites/les-contrats-a-prix-dynamique-des-contrats-delectricite-pour-des-consommateurs
1 Extrait
: https://www.cwape.be/sites/default/files/2024-07/Lignes%20directrices%20CD-24f27-CWaPE-0055_0.pdf
p.11
2
Consommation
annuel estimée
de 11 000kWh.
3
Ce
calcul suppose que la consommation se fait intégralement au tarif vert (17%/5=
3,4% de frais de distribution à payer soit une réduction des frais de
distribution de 17%-3,4%= 13,6%)